Le paradoxe
des jumeaux
Un exemple
en chiffres
Appelons
les jumeaux Sédentaire et Voyageur.
Sédentaire reste sur Terre tandis que Voyageur
part vers une étoile E située à 10 années-lumière
en voyageant à 90 % de la vitesse de la lumière, soit 270000 km/s,
puis il revient sur terre à la même vitesse.
A son retour l’horloge de Sédentaire
a battu 22,2 ans et l’horloge de Voyageur a battu 9.68
ans.
Comment est-ce possible ?
Le coefficient de dilatation du temps dans
cet exemple vaut 0,436.
C’est-à-dire que lorsque Sédentaire lit
« une seconde» sur son horloge, il lit « 0,436 seconde»
sur l’horloge de Voyageur qui s’éloigne
à 0,9 c. Et vice versa.
En fait, les diagrammes d’espace-temps
permettent de résoudre graphiquement le problème, sans aucun
calcul numérique ! Il suffit en effet de prendre pour unité
de distance l’année-lumière et pour unité de temps
l’année.
Les trajets des rayons lumineux sont alors les droites inclinées à
45° (pointillés rouges).
Ils définissent le « cône de lumière ». Toutes
les autres trajectoires possibles (en bleu pour celle de Voyageur,
en vert pour celle de Sédentaire) sont inclinées
de moins de 45° par rapport à la verticale.
Ainsi, les deux aspects du
paradoxe sont résolus de façon évidente par ces diagrammes
d’espace-temps.
a
; Aller; ce que mesure Voyageur.
En principe. Il «faut » 11.1 ans pour parcourir 10 a,l. à
la vitesse de 0,9 c.
Cependant, d’après son horloge. Voyageur parvient
en E au bout de seulement 4,84 années (11,1 x 0,436).
En outre, arrivé en E, Voyageur voit la Terre telle
qu’elle était en 0’, c’est-à-dire 1,1 année
après son départ dans l’horloge de Sédentaire.
Conclusion : Voyageur a vu l’horloge de Sédentaire
battre 4,36 fois plus lentement.
a
b
b
:Aller; ce que mesure Sédentaire.
Sédentaire sait que, au bout de 11,1 années,
Voyageur a dû arriver en E. Toutefois, Les rayons lumineux
envoyés de E mettent 10 ans à lui parvenir, en E’. Sédentaire
ne voit donc Voyageur arriver en E qu’au bout de 21,1
années.
Conclusion : Sédentaire a vu l’horloge de
Voyageur battre 4.36 fois plus lentement.
c
: Retour; ce que mesure Voyageur.
Voyageur rejoint la Terre en R au bout de 4,84 années.
Mais pendant ce temps, il a observé 21,1 années s’écouler
sur la terre.
Conclusion : Voyageur a vu l’horloge de Sédentaire
battre 4.36 fois plus vite.
c
e: Voyage complet.
Lorsque Sédentaire et Voyageur se retrouvent
en R. l’horloge de Sédentaire
a battu 22,2 ans et l’horloge de Voyageur
a battu 9.68 ans.
d
d
: Retour; ce que mesure Sédentaire.
Sédentaire voit tout le retour de Voyageur
se dérouler en 1,1 an, et le serre dans ses bras en R au bout de 22,2
ans.
Conclusion : Sédentaire a vu l’horloge de
Voyageur battre 4,36 fois plus vite.
e
1)
Pourquoi le temps propre de Voyageur est-il plus court que
celui de Sédentaire ?
On dit souvent que c’est à cause des accélérations
et décélérations, que doit subir Voyageur
pour quitter Sédentaire en 0, faire demi-tour en E et
retrouver Sédentaire en R. Notons toutefois que les
phases d’accélération en O et de décélération
en R peuvent être supprimées si l‘on considère que
les trajectoires de Voyageur et de Sédentaire
se croisent sans s’arrêter, leurs horloges étant comparées
seulement lors de leur croisement.
Reste le nécessaire changement de direction en E, se traduisant par une
accélération de Voyageur. Mais c’est plutôt
la géométrie particulière de l’espace-temps relativiste
qui est responsable de la différence des temps propres.
Voyons pourquoi. Dans l’espace
ordinaire, le théorème de Pythagore indique que DZ²= DX²
+ DY² comme dans n’importe quel triangle rectangle, ce qui implique
que DZ < DX + DY.
Dans l’espace-temps de
la relativité restreinte (dit de Poincaré Minkowski), le théorème
de Pythagore devient DS²= DX² + c²DT², et une petite manipulation
algébrique permet d’en déduire que ?S est toujours plus
long que DX + cDT !
DS
mesure justement le temps propre ; on voit bien qu’il s’annule
pour DX = cDT, autrement dit pour v = DX/cDT = c. En ce sens, le photon, grain
de lumière, ne vieillit jamais…
2)
Pourquoi la situation globale n’est-elle pas symétrique ?
Durant le voyage aller, les situations sont parfaitement symétriques
car les deux référentiels inertiels de Voyageur
et Sédentaire sont en translation uniforme à
vitesse relative v (fig. a et b). De même, durant le voyage retour, les
situations sont parfaitement symétriques car les deux référentiels
inertiels de Voyageur et Sédentaire
sont en translation uniforme à vitesse relative – v (fig. c et
d).
Si l’on considère le voyage complet, les trajectoires sont physiquement
asymétriques car, en E, Voyageur – après avoir modifié
sa vitesse, donc subi une accélération – a changé
de référentiel inertiel (fig. e).